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Économie

16.01.2004

Imprimere la svolta borghese

Una valutazione politica della situazione in occasione della 16esima assemblea dell'Albisgüetli dell'Unione democratica di centro del Canton Zurigo 16.01.2004, Zurigo Vale il testo parlato

03.12.2003

Le principal problème du pays, c’est les dépenses publiques

Interview dans «Le Temps» du 3 décembre 2003 A une semaine de l'élection du Conseil fédéral, Christoph Blocher a donné une interview exclusive au Temps. Il s'exprime sur la manière dont il entend défendre ses convictions au gouvernement s'il y accède. Et sur la stratégie que suivra son parti, l'UDC, si sa candidature devait être rejetée. Le moment est venu pour la classe politique, dit-il, de choisir clairement entre un système de concordance et un régime de coalition. Interview: Jean-Jacques Roth et Titus Plattner Le Temps: Vous deviez, ce mardi, parler au groupe parlementaire démocrate-chrétien. Pour lui dire qu'il doit vous choisir à la place de l'un de ses deux propres conseillers fédéraux? Christoph Blocher: Ils me demanderont sans doute si je suis prêt à me présenter au poste de Kaspar Villiger, puisque tel est leur vœu. Et je leur expliquerai pourquoi c'est impossible, dans la mesure où la composition du Conseil fédéral doit obéir à la concordance arithmétique. Celle-ci implique qu'ils renoncent à un de leurs sièges. Ce choix n'est pas dirigé contre eux, il répond à une exigence de crédibilité: le PDC est devenu le plus petit des quatre partis gouvernementaux, il faut respecter les électeurs. La perspective de votre élection au Conseil fédéral fait craindre une rupture de la collégialité et du consensus. Lors des auditions devant les partis, il était question de vous demander des garanties. Blocher: Allons donc! Je les donne sans problème. J'ai appartenu à toutes sortes de collèges sans y rencontrer le moindre problème. Bien sûr, je veux m'engager avec toute mon énergie et toutes mes convictions au Conseil fédéral. Je défendrai mes points de vue sans faiblesse. Mais je ne détiendrai pas la majorité à moi tout seul! Nous chercherons des compromis, nous voterons. Et vous vous engagerez avec la même détermination pour défendre une position gouvernementale que vous n'auriez pas souhaitée? Blocher: Non. D'ailleurs j'observe que les autres ne le font déjà pas. Je sais toujours, à voir sa réaction, quelle était la position d'un conseiller fédéral. Quand on a perdu, on défend la position du collège avec loyauté, mais on ne tente pas de faire croire que c'est par conviction profonde. Sinon, on introduit le mensonge et l'hypocrisie dans la plus haute sphère d'autorité. Certains conseillers fédéraux, dans le passé, ont rompu la collégialité pour exprimer une conviction intime. Y seriez-vous prêt? Blocher: Dans des cas extrêmes, et seulement avec l'autorisation du Conseil fédéral. Si, par exemple, le gouvernement décidait d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Union européenne, je ne pourrais pas me taire. Cette affaire représente un combat de dix ans. Il me serait impossible de dire que cette décision correspond à ma conviction profonde! Si vous êtes élu, vous affronterez une énorme pression. De quelle manière visible et rapide allez-vous répondre à l'attente de changement exprimée par vos électeurs? Blocher: Il est de l'intérêt supérieur du gouvernement de sentir que le peuple est derrière lui, d'avoir des conseillers fédéraux capables de communiquer et d'entraîner l'adhésion populaire. J'observe par ailleurs une extraordinaire attente populaire, et un soutien chaque jour croissant à ma candidature. Cela dit, même si je gouvernais seul, je serais bien incapable de combler toutes les attentes. Et puis il y a les compromis, le poids de l'administration... Je suis conscient de toutes ces limites. Mais je pense que le Conseil fédéral peut gagner avec mes compétences de chef d'entreprise et avec ma connaissance des réalités économiques. Vous dites vouloir gouverner de manière créative et constructive. Avez-vous des idées concrètes pour illustrer cet objectif? Blocher: Le plus gros problème du pays, c'est les dépenses publiques. Depuis cinquante ans, nous avons tout résolu avec de l'argent. Aujourd'hui, l'argent n'est plus là. Mais pour changer de cap, il faut une méthode. Je suggère que le Conseil fédéral entreprenne un vaste examen de toutes les options d'économies, de manière résolue et concertée. Il n'est pas question de déterminer à l'avance où couper, mais de créer un climat de travail créatif, tendu vers la recherche de solutions plutôt que par le débat idéologique. Il faudrait désigner un conseiller fédéral comme chef de projet. C'est un processus immense et un vrai combat. Je me mettrai à disposition si cela est souhaité par le collège. Bien sûr, en définitive, lorsqu'il s'agit de décider des coupes budgétaires, les choix politiques sont déterminants. Mais pas toujours. Prenons la recherche et la formation, où l'on dit qu'il faut augmenter les dépenses de 6%. Mais nous n'en avons pas les moyens! Il faut donc avoir le courage de dégager des priorités. Est-il pertinent, par exemple, de financer une recherche fondamentale dans le domaine de l'énergie nucléaire alors que nous ne construirons probablement plus de centrale nucléaire? Et si nous en avions besoin, n'y a-t-il pas assez de compétences dans d'autres pays pour nous permettre de le faire? Il s'agirait d'un audit? Blocher: En quelque sorte, mais il faut d'abord réfléchir entre conseillers fédéraux. Je crois beaucoup aux vertus du «brainstorming». Il n'est en tout cas pas question de faire appel à des consultants, qui ne connaissent pas les choses de l'intérieur et qui ne peuvent que proposer, jamais décider. Nous devons conduire ce travail nous-mêmes. Quelle en serait la durée? Blocher: Entre six mois et un an. L'administration nous dira qu'il faut plus de temps, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait tarder. C'est une question de courage politique: les éléments budgétaires sont connus. Comptez-vous réduire les effectifs de l'administration? Blocher: Les effectifs sont sans doute trop élevés. Et il y a trop de tâches inutiles, ce qui altère le climat de travail. Le principal problème, c'est que, souvent, les gens ne sont pas dirigés. Pour le reste, j'estime que l'administration est d'un bon niveau. De hauts fonctionnaires, en privé, se disent prêts à démissionner si vous devenez leur patron. Blocher: Ah bon... Nul n'est irremplaçable. Mais personne n'a quoi que ce soit à redouter aussi longtemps qu'il remplit correctement sa fonction. Ce qui n'est pas acceptable, c'est un chef d'office qui s'exprime publiquement contre une décision du Conseil fédéral, comme on l'a vu à l'Office fédéral de l'environnement. Une telle attitude serait impensable dans toute entreprise. Comment se comportera votre parti si vous êtes élu? Blocher: Il gardera sa ligne politique, avec bien entendu une autre attitude. Si le Conseil fédéral fait un meilleur travail, les capacités de compromis augmenteront. A quels compromis êtes-vous prêt? Blocher: Je ne m'exprime pas à ce propos. Un compromis représente l'aboutissement d'une négociation, pas son préalable. C'est donc possible, aussi avec les socialistes, car les bons compromis naissent de positions claires. Y a-t-il des domaines où vous excluez un compromis? Blocher: Tout n'est pas affaire de compromis au gouvernement. Il y a aussi des votes, avec une majorité et une minorité. Evidemment, s'il est question d'adhérer à l'Union européenne, il ne faut pas attendre de compromis de ma part. Encore que j'en aie proposé un après la votation sur l'EEE, sous la forme d'un moratoire de cinq ans sur la question européenne. J'étais le vainqueur, pourtant. Et puis, il y a d'autres formes de compromis. Par exemple, je ne doute pas que Micheline Calmy-Rey soit en faveur de l'entrée de la Suisse dans l'Union européenne. Mais elle sait que les temps ne sont pas mûrs et que le peuple suisse n'y est pas prêt. Voilà une bonne formule de compromis. Peut-être que nous pourrions nous retrouver sur un moratoire de 10 ou 15 ans. Vous évoquez toujours le devoir, en disant que ce devoir vous pousse à vouloir. Avez-vous envie d'entrer au Conseil fédéral? Blocher: J'ai la conviction qu'avec une autre politique, ce pays irait beaucoup mieux. Je me suis battu pour cela durant vingt-quatre ans, sans désirer tel ou tel poste. J'ai consenti aujourd'hui qu'il est nécessaire que j'entre au Conseil fédéral, mais bien des aspects de la fonction ne sont pas motivants. Les contraintes, l'administration, ses lourdeurs... Cela dit, j'ai aussi l'envie de changer les choses, d'influencer; et cela, oui, ça me fait évidemment plaisir. Combien de temps voulez-vous siéger au Conseil fédéral? Blocher: Je vise une période de huit ans. Douze ans, ce serait encore mieux... J'aurais alors 75 ans, ce n'est pas si vieux. Konrad Adenauer a quitté son poste de chancelier à 87 ans, où il avait commencé à 73 ans. Tout le monde voit bien que j'ai en tout cas l'énergie nécessaire. Votre femme dit que vous aurez la vie plus facile si vous entrez au gouvernement. Blocher: C'est un énorme travail, rempli de contraintes. Mais c'est un travail constructif. Dans l'opposition, vous ne pouvez que freiner, bloquer et critiquer du matin au soir. Vous ne pouvez jamais apporter quelque chose de créatif. Nous avons fait cela pendant presque dix ans. Depuis 1992, lors du vote sur l'EEE, nous sommes dans l'opposition sur pratiquement toutes les questions importantes. On s'imagine d'ailleurs mal comment vous pourriez faire encore plus d'opposition. Blocher: Je vous assure que nous pourrions en faire davantage. Il faudrait pour cela modifier les structures de l'UDC, en termes de personnel et de ressources financières. En janvier prochain, si on devait nous refuser nos deux sièges, nous déciderions de tout cela lors d'une assemblée du parti. Nous devrions par exemple créer une structure pour l'organisation de référendums, afin de les faire aboutir rapidement et en engageant relativement peu de moyens. Les syndicats, il y a une dizaine de jours, ont jugé phénoménal de recueillir autant de signatures en 48 heures contre la 11e révision de l'AVS. C'est une question d'organisation: lorsque vous avez 1000 personnes prêtes à la récolte, c'est facile. Travailleriez-vous à plein temps pour le parti? Blocher: Peut-être pas au début, mais cela se transformerait sans doute assez rapidement en un plein temps. Engageriez-vous plus de moyens financiers personnels? Blocher: Sans doute. Mais au cas où nous aurions à combattre pour des raisons économiques, beaucoup d'entreprises seraient là pour nous soutenir. De plus en plus de chefs d'entreprise en ont plein le dos. Vous avez dit vous intéresser aux départements qui exigent un savoir-faire économique. Mais les autres conseillers fédéraux pourraient vous proposer le Département de justice et police, afin de mieux vous museler... Blocher: Même dans ce département, il y aurait certainement beaucoup de choses intéressantes à faire, notamment en matière de politique d'asile. Et qu'y feriez-vous de différent que Ruth Metzler? Blocher: Nos propositions dans ce domaine sont claires. Il faudrait combattre les abus de façon beaucoup plus déterminée et appliquer la clause de l'Etat tiers de manière plus stricte. Mais il existe aussi d'autres modèles intéressants, comme celui de Tony Blair, qui propose la création de camps de réfugiés dans les régions voisines des zones de conflit. Durant la guerre au Kosovo, j'ai du reste proposé que l'on finance une telle structure en Macédoine, et que l'on examine là-bas les demandes d'asile. Pour le reste, les propositions de l'UDC sont toutes dans nos initiatives sur l'asile, que j'approuve. Quelle différence politique faites-vous aujourd'hui entre les radicaux et le PDC? Blocher: Jusqu'aux élections, les deux partis ont fait la course au centre. Et tout d'un coup, on dit que le PDC est à gauche, que les radicaux sont proches de l'UDC. Tout cela est fantaisiste. Si ces deux partis étaient capables de se mettre d'accord sur ce qu'ils veulent, il serait possible de discuter. Ce n'est hélas pas le cas. La réalité, c'est que le PDC, avec 14% des voix, pèse la moitié de l'UDC. Il faut en tirer les conséquences. La concordance est-elle une notion purement arithmétique, ou a-t-elle un sens politique? Blocher: Clarifions les choses une bonne fois pour toutes. Soit on choisit un système de concordance, où les trois partis les plus forts ont deux sièges et le plus petit des quatre un seul, soit trois partis décident de former un gouvernement de coalition, à partir d'un programme commun. Si le PDC décide qu'il est au centre gauche et qu'il veut faire alliance avec les Verts et les socialistes, ce qui lui donnerait une majorité parlementaire, il faut un gouvernement de gauche. L'UDC et les radicaux – ce serait logique – doivent en sortir et nous entrerons dans un régime de coalition. La concordance, c'est autre chose. C'est le choix de quatre partis de gouverner ensemble avec des visions et des programmes différents. Nous y sommes attachés et nous avons fait de bonnes expériences avec. Mais vous pourriez obtenir beaucoup plus de résultats dans une coalition de centre droit... Blocher: C'est évident. Alors pourquoi défendez-vous en premier lieu la concordance? Blocher: Nous y avons énormément réfléchi. Dans une période de crise, les pays qui connaissent un système majorité-opposition ont recours à de grandes coalitions. Il s'agit de se serrer les coudes. Nous n'avons pas de guerre ou de grave crise en Suisse, mais nous devons résoudre des problèmes fondamentaux. Je pense que cet objectif est plus facile à atteindre si les quatre partis les plus forts sont au gouvernement. En plus, tous les conseillers fédéraux actuels viennent d'un système de concordance. Pour un gouvernement de coalition, il faudrait probablement d'autres conseillers fédéraux, parce que le système de gouvernement serait tout à fait différent. Pour ces deux raisons, nous avons tranché en faveur de la concordance. Mais pour la vraie concordance. C'est-à-dire que chaque parti propose celui qui le représente le mieux. Si toutefois ce système ne devait pas fonctionner, nous avons clairement affirmé que notre deuxième priorité, décidée le week-end dernier à Sempach, irait à la constitution d'un gouvernement bourgeois. Le soir du 19 octobre, aviez-vous déjà élaboré cette solution de rechange? Blocher: Oui, mais toujours comme une deuxième priorité. Nous ne l'avons pas annoncé à ce moment car nous nous sommes dit que si les autres partis étaient pour la concordance, nous n'aurions pas à proposer cette alternative. Mais au cours de ces trois dernières semaines, les socialistes se sont fortement prononcés contre ma candidature, si bien que j'ai remis sur la table la possibilité d'un gouvernement bourgeois. Cela implique que je sois candidat contre Micheline Calmy-Rey au cas où les deux conseillers fédéraux démocrates-chrétiens restent en place. Les radicaux et les démocrates-chrétiens devront alors choisir entre une coalition de droite ou de gauche. On saura ainsi clairement qui est avec qui. Les partis ont-ils décidé d'une stratégie pour éviter un tel chaos? Blocher: A ma connaissance, non. Mais pour nous, le déroulement du vote est désormais clair. Les partis se rencontreront une nouvelle fois ce jeudi, et l'on saura si quelqu'un renonce encore à quelque chose. En réalité, nous espérons tous que le PDC finira par retirer l'un de ses conseillers fédéraux.

09.11.2003

Je ne suis pas un démagogue

Interview dans «swissinfo.org» du 09 novembre 2003 Contestés, mais engrangeant les succès électoraux: Christoph Blocher et l’Union démocratique du centre (UDC/ droite dure) veulent désormais être au gouvernement pour appliquer leur programme, «moins d’Etat.» Interview: Ariane Gigon Bormann et Etienne Strebel swissinfo: Quelle signification a pour vous la communauté suisse de l’étranger? Christoph Blocher: Les Suisses de l’étranger sont pour nous d’importants «porteurs d’images». Ils représentent notre pays. De plus, beaucoup de Suisses de l’étranger sont très attachés à leur patrie. Je regrette que nous ayons trop peu de contacts avec eux. Une majorité d’entre eux ne sont pourtant pas sur la même longueur d’ondes que vous et souhaite une adhésion à l’Union européenne (UE) jusqu’en 2007. Que leur répondez-vous ? Blocher: Je comprends leur point de vue. Une adhésion leur apporterait des simplifications administratives, pour les autorisations de travail par exemple. Mais ces simplifications personnelles ne peuvent pas passer au-dessus des conséquences autrement plus graves qu’aurait une adhésion pour notre indépendance. Quand on explique ce que signifie vraiment la perte de notre neutralité, de notre souveraineté et de la démocratie directe, la plupart des interlocuteurs comprennent notre position. Globalement, la Suisse y perdrait politiquement, économiquement et culturellement. swissinfo: Les difficultés traversées par l’UE ont-elles renforcé la position des anti-européens en Suisse? Blocher: Assurément. En 1992, quand on a voté sur l’Espace économique européen, tout était moins rigide. Ce n’était pas encore l’Union, mais la Communauté européenne. Il n’y avait pas de monnaie unique, ni d’intention de créer une politique extérieure et sécuritaire commune. J’ai toujours dit que la question n’était pas de savoir si nous devions adhérer à l’Union européenne, mais à quelle Union européenne nous devions adhérer. Si cela avait été une alliance souple entre les Etats, nous en serions vraisemblablement membre, puisque nous sommes de toute façon liés avec l’Europe. swissinfo: Vous insistez beaucoup ces derniers jours pour balayer les étiquettes qu’on vous a collées, fachiste, nationaliste, etc. Est-ce que les comparaisons avec Le Pen ou Haider vous vexent? Blocher: Ces comparaisons sont ineptes. Je ne connais ces personnes qu’à travers les journaux, pas personnellement. Ma politique n’a rien à voir avec eux. Haider est un opportuniste et Le Pen un braillard monomaniaque. swissinfo: Et l’étiquette de démagogue, vous la rejetez? Blocher: Je ne suis pas démagogue. Un démagogue est quelqu’un qui séduit le peuple. Moi j’essaye de le convaincre. Parfois les gens sont d’accord avec moi, d’autres fois non. C’est comme ça, dans une démocratie. Je me bats pour mes opinions, qu’elles soient «populaires» ou non. swissinfo: Mais vous avez quand même un côté séducteur, vous savez comment passionner un auditoire. Blocher: Je me donne de la peine de parler de façon à ce que les gens me comprennent. Ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement. Et si on ne parle pas clairement, c’est qu’on n’a pas les idées claires. swissinfo: «Simple» n’est jamais loin de «simplifié» Blocher: Bon, ce n’est pas si grave, une solution simplifiée, de temps en temps. Les choses se normalisent toujours, ensuite. Les gens ne sont pas si bêtes que l’on croit. Ils ne sont en tout cas pas plus bêtes que le parlement! Le parlement est fait d’élus du peuple, il est donc normal qu’il compte des personnes intelligentes et d’autres qui le sont moins. swissinfo : Vous-mêmes ne reculez pas devant les étiquettes. Récemment, vous avez fustigé les «faux invalides». Blocher: Je n’ai pas trouvé d’autre mot. Beaucoup de bénéficiaires de l’AI ne sont pas invalides. Tout le monde sait qu’il y a des abus. On ne peut pas régler les problèmes si on ne les dénonce pas. swissinfo : Cette campagne a pu donner l’impression que tous les invalides étaient des tricheurs. Blocher: C’était un risque. Mais vous ne pouvez quand même pas laisser exister un abus qui nous coûte des milliards et continuer à le financer avec l’argent des contribuables, simplement parce que ce n’est pas gentil d’en parler. Celui qui est honnête et travaille consciencieusement se sent trahi. Cette campagne a néanmoins fait un peu bouger les choses. On va enfin prendre des mesures contre les abus. swissinfo: Vous êtes favorable à la technologie génétique en agriculture, contrairement à une partie de vos électeurs. Un dilemme? Blocher: En ce qui concerne la politique agricole, j’ai effectivement quelques divergences avec mon parti. Moi je n’ai aucune réserve face à l’utilisation de la technologie génétique en agriculture. Mais certaines personnes, chez nous, pensent qu’une agriculture suisse sans OGM serait très recherchée et réaliserait d’énormes bénéfices à l’exportation. C’est une illusion. Les aliments génétiquement modifiés ne sont pas plus mauvais que les autres, qualitativement. Aux Etats-Unis, j’en mange sans réserves et je n’ai jamais remarqué de différence. En outre, si les produits sans OGM coûtent plus cher - ce qui est prévisible - le marché les sanctionnera. swissinfo: Et les subventions à l’agriculture? Les supprimerez-vous avec la même ardeur que d’autres? Blocher: Mon parti veut éliminer les subventions dans tous les domaines qui relèvent de l’économie libre. Il faut supprimer l’encouragement à la construction de logements, l’aide au tourisme, au cinéma, à l’exportation, etc. Le crédit pour Swiss était aussi une grande erreur. Mais, dans tous les pays du monde, l’agriculture est protégée et soutenue. Car les paysans remplissent une mission considérable, à savoir la mise en valeur du sol pour qu’il ne dépérisse pas. Ils garantissent aussi la production de produits agricoles, correspondant, jusqu’à un certain point, aux besoins du pays. L’Etat doit faire en sorte que ces prestations soient compensées. Mais on pourrait le faire mieux qu’aujourd’hui. A mon sens, une aide fixe par mètre carré, ou par hectare, suffirait, suffisamment élevée pour que le paysan exploite son sol. Mais ce que le paysan plante ou produit avec, c’est son affaire. Je ne payerais en tout cas plus de subventions à la production. swissinfo: Si vous êtes élu au Conseil fédéral, vous engagerez-vous pour une baisse des salaires des membres de l’exécutif, comme un groupe proche de l’UDC l’avait obtenu en ville de Zurich? Blocher: C’est ce que je demande depuis des années. Les conseillers fédéraux ne doivent pas dépendre financièrement de leur fonction. Ils gagnent plus que le président américain ou que le chancelier allemand. swissinfo: Et moins que vous en tant que patron d’Ems Chimie! Blocher: Oui, mais moi, personne ne me paye! Je n’ai rien à redire contre quelqu’un qui a du succès avec son entreprise et s’enrichit. Mais les conseillers fédéraux sont des employés, ils sont payés grâce à l’argent des contribuables. A mon avis, le salaire des conseillers fédéraux devrait être divisé par deux, à 200 000 francs. Cela reste un bon salaire. Un conseiller fédéral ne court aucun risque financier, contrairement à une entrepreneur qui a mis son argent dans son entreprise. swissinfo: Votre parti progresse quasiment dans toutes les élections législatives mais, selon un sondage récent, 56% des personnes interrogées ne voteraient pas pour vous au Conseil fédéral, tandis que 12% ne se prononcent pas. Cela vous surprend-il? Blocher: Non. Aucun parti n’a la majorité des gens derrière lui. Je suis même étonné que 32% disent oui, c’est au-dessus de notre poids électoral. De plus, 32%, cela suffirait pour une élection par le peuple, puisqu’il faudrait juste un septième, pour être élu. swissinfo: Plaisantant devant des journalistes étrangers, vous avez dit être trop vieux pour instaurer une dictature. Et si vous étiez plus jeune? Blocher: J’ai repris une citation de De Gaulle, prononcée en mai 1958 alors qu’il s’apprêtait à prendre la responsabilité du pays et que ses opposants lui demandaient s’il serait capable de tenir compte d’opinions différentes. C’était aussi ce qu’on me demandait, d’où ma réponse. Il faut vraiment vouloir être méchant pour ne pas comprendre l’ironie de ma phrase. Je suis un démocrate absolu! C’est précisément la raison pour laquelle je me bats pour la liberté d’expression dans notre pays et je prends aussi la liberté de dire des choses, qui sont désagréables.»

09.11.2003

Non sono un demagogo

«swissinfo» del 9 novembre 2003 È una delle più controverse figure dell'attuale scena politica svizzera - e ne trae un grande successo. Con l'UDC, Christoph Blocher ha vinto le elezioni federali 2003.   di Ariane Gigon Bormann e Etienne Strebel     swissinfo: Che significato riveste per lei la comunità degli svizzeri all'estero?   Christoph Blocher: Gli svizzeri all'estero sono dei «portatori d'immagine» oltremodo importanti per noi. Sono i rappresentanti del nostro paese. Molti svizzeri all'estero provano un grande attaccamento per la patria, e mi spiace che si curino troppo poco i contatti con queste persone.   Una netta maggioranza degli svizzeri all'estero vorrebbe un'adesione all'UE entro il 2007. Per loro, questo è il più importante problema che la Svizzera politica deve attualmente risolvere. Cosa risponde loro?   Blocher: Dal loro punto di vista, li capisco, poiché avrebbero delle facilitazioni. Ma in primo luogo si tratterebbe di facilitazioni d'ordine amministrativo, come per esempio i permessi di lavoro. Ma queste facilitazioni personali non possono nascondere i gravi svantaggi per il nostro paese, nel caso di un'adesione all'UE. E se si spiega alla gente quali profonde conseguenze avrebbero l'abbandono della nostra neutralità e sovranità, la perdita della democrazia diretta, allora generalmente capiscono la nostra posizione. Nel complesso, la Svizzera perderebbe sia sul piano politico che su quello economico e culturale.   Le vicende dell'UE hanno rafforzato le posizioni degli anti-europei?   Blocher: Certamente. Nel 1992, quando abbiamo votato sullo Spazio economico europeo, non c'era ancora l'Unione europea, bensì una Comunità europea senza moneta unica, senza l'intenzione di dar vita a una politica estera e di sicurezza comune. Ho sempre detto che il problema non è se aderire all'UE oppure no. La domanda è: a quale Unione Europea. Se si fosse trattato di una semplice alleanza fra stati, vi faremmo parte anche noi, poiché siamo comunque legati all'Europa.   La disturba il fatto di essere spesso paragonato a Le Pen e Haider?   Blocher: Sì, sono paragoni assurdi. Non conosco personalmente questi signori, ma solo attraverso i giornali. E non ho nemmeno niente da spartire con la loro politica. Haider è un opportunista e Le Pen un attaccabrighe monotematico.   Ma lei è un populista, un demagogo?   Blocher: Un demagogo è uno che inganna il popolo. Io no, io cerco di convincere il popolo. A volte la gente è d'accordo con me, a volte no. È così in democrazia. E io mi batto per le mie posizioni, siano esse «popolari» o no.   Però è lo stesso un seduttore, con una bella parlantina...   Blocher: Per parlare, sì, mi do anche la pena di parlare in modo che la gente mi capisca. Tutto quel che si è ben riflettuto è facile da dire. E se non si può presentare una cosa in modo facile, non la si può nemmeno immaginare bene.   Ma «rendere facile» non corrisponde anche a «semplificare»?   Blocher: Ebbene, non è così grave. A volte capita che una soluzione venga semplificata, ma poi tutto si normalizza. La gente non è così stupida come spesso si crede. Non è più stupida del parlamento, della rappresentanza popolare. Lì sono rappresentati sia gli intelligenti che gli stupidi.   Lei ha creato il termine «falsi invalidi».   Blocher: Non ho trovato nessuna parola più adatta. Ci sono molte persone che ricevono rendite dall'assicurazione invalidità, senza essere veramente invalidi. E questo lo sanno tutti. Ma come si può risolvere un problema, se non lo si può nemmeno chiamare per nome?   Ma si potrebbe pensare che tutti gli invalidi siano truffatori.   Blocher: Il pericolo c'è. Ma non si può nemmeno tollerare e continuare a finanziare con le imposte un abuso che ci costa miliardi, soltanto perché non è bello parlarne. Ogni persona onesta che va a lavorare deve sentirsi imbrogliata. Questa campagna ha comunque dato il via alla ricerca di una soluzione, e ora finalmente si sta facendo qualcosa per combattere contro questi abusi.   Cambiamo argomento. Qual è la sua posizione circa il ricorso alla tecnologia genetica nell'agricoltura?   Blocher: Molto aperta. Non ho nessuna reticenza nei confronti dell'impiego della tecnologia genetica nell'agricoltura.   Non sarebbe un vantaggio per la Svizzera, il fatto di non offrire prodotti agricoli geneticamente modificati?   Blocher: In fatto di politica agricola, ho qualche divergenza con il mio partito. C'è gente che sostiene, nell'UDC, che potremmo beneficiare di una fortissima esportazione di prodotti alimentari privi di organismi geneticamente modificati. Ma è un'illusione. Dal punto di vista qualitativo, gli alimenti prodotti con la tecnologia genetica non sono peggiori degli altri. Quando sono in America, posso mangiarne senza alcun timore, non ho mai notato differenze con i nostri prodotti. E se poi gli alimenti senza OGM costeranno di più, come è prevedibile, verranno bocciati dal mercato.   Lei si dà da fare per ridurre agevolazioni e sovvenzioni, ma non per i contadini. Perché chiede meno risparmi in quel settore?   Blocher: Vogliamo abolire le sovvenzioni in tutti i settori del libero mercato. Perciò niente sovvenzioni per l'edilizia, il turismo, il cinema, l'economia esterna e via dicendo. Anche l'impegno per la compagnia aerea Swiss è stato un grosso errore. Per quanto concerne l'agricoltura, va detto che tutti i paesi industrializzati la proteggono e la sostengono. I contadini svolgono un mandato, che è quello di lavorare il suolo affinché non vada in rovina. E così garantiscono, in parte, l'approvvigionamento del paese. Per cui lo stato deve pure provvedere a compensare queste prestazioni. Ma è vero che si potrebbe fare meglio di quanto non si faccia oggi. Io attribuirei un importo fisso per ogni metro quadrato, o per ogni ettaro, che basti affinché il contadino possa sfruttare il terreno. E quel che vi coltiva, è affar suo. Non pagherei quindi più sovvenzioni alla produzione.   E gli stipendi dei consiglieri federali, li ridurrebbe?   Blocher: Da anni chiedo stipendi più bassi per i consiglieri federali. Non devono dipendere finanziariamente dalla loro carica. E i nostri consiglieri federali, per esempio, guadagnano più del presidente americano, più del cancelliere tedesco.   ...ma meno di lei con il suo Gruppo chimico Ems.   Blocher: Sì, sì, ma nel mio caso non c'è nessuno che mi paga. Non ho niente contro, se qualcuno dirige una ditta di successo e diventa ricco. Ma i consiglieri federali sono impiegati statali e vivono quindi dei soldi dei contribuenti. Ho sempre detto che bisogna dimezzare gli stipendi. 200'000 franchi sono una buona paga, tenendo conto che un consigliere federale non rischia nulla, mentre un industriale impiega i suoi soldi nella ditta.   Il suo partito riscuote molti consensi e lei stesso viene sempre eletto con ottimi risultati. Tuttavia, secondo un sondaggio, il 56 percento degli svizzeri non la vorrebbe in consiglio federale. Non è una contraddizione?   Blocher: No, perché nessun partito ha la maggioranza. Ma il 32 percento si è espresso a favore di un consigliere federale Blocher, quindi più della percentuale dei miei elettori. In un'elezione popolare, il 32 percento sarebbe sufficiente, poiché il quel caso basterebbe un settimo dei voti per essere eletto.   Di recente ha detto di essere «troppo vecchio per instaurare una dittatura». E se avesse 20 o 30 anni di meno?   Blocher: Era una frase di De Gaulle. Quando stava per assumere la responsabilità del paese, i suoi avversari gli chiesero se fosse in grado di considerare le opinioni degli altri, o se volesse tutto il potere per sé. E questa era anche la domanda che mi è stata rivolta. Ci vuole molta perfidia, per non afferrare l'ironia nella mia risposta. Io sono un democratico assoluto. Proprio per questo mi batto per la libertà d'opinione in questo paese e mi prendo anche la libertà di dire cose che possono dar fastidio.

22.10.2003

«Ich würde die Erbschaft vollziehen»

Interview in der "Finanz und Wirtschaft" vom 22. Oktober 2003 von Manfred Rösch Herr Blocher, sollten Sie am 10. Dezember in den Bundesrat gewählt werden, so müssten Sie aus allen Geschäftsleitungs- und Verwaltungsratsgremien, denen Sie angehören, zurücktreten. Wie haben Sie Ihre allenfalls erforderliche Nachfolge in der Ems-Gruppe geregelt? Blocher: Selbstverständlich würde ich aus sämtlichen Verwaltungsräten zurücktreten. Das ist ohnehin seit etwa einem Jahr vorbereitet. Damals erklärte ich, wie wir das lösen wollen. meine Tochter Magdalena Martullo ist als Vizepräsidentin des Verwaltungsrats seit Anfang dieses Jahres zuständig für alle strategischen Arbeiten, also die Ein- und Zweijahres- sowie die Langfristplanung, die Marketingkonzepte und die Führung der operativen Bereiche. Wie die Nachfolgeregelung konkret aussähe, würde ich erst nach dem 10. Dezember bekanntgeben. Die Publikumsaktionäre von Ems-Chemie wären daran jetzt schon interessiert. Blocher: Sollte mich die Bundesversammlung nicht wählen, würde ich mit diesen Schritten noch vielleicht ein Jahr zuwarten. In diesem Fall wäre es ungeschickt, wenn ich bereits jetzt bekannt gäbe, welche Person künftig was macht, um dann nach einer möglichen Nichtwahl zu sagen: Jetzt machen wir es eben noch nicht. Die Chancen, dass ich nicht gewählt werde, stehen natürlich bei 50%. Aber vorbereitet ist alles. Das habe ich schon vor zwei Jahren eingeleitet, denn es kann, abgesehen von einer Bundesratswahl, schliesslich etwas auf einen zukommen, das solche Vorkehren nötig macht. Als Bundesrat wären Sie frei, Ihre Aktien zu behalten. Blocher: Im Prinzip könnte ich das Unternehmen behalten. Es gibt keine Interessenkonflikte. Ems-Chemie hat keine Geschäftsbeziehungen mit der Eidgenossenschaft. Das hätte immerhin den Vorteil, dass bekannt wäre, wo das Vermögen wenigstens eines Bundesratsmitglieds angelegt ist. Dennoch würde ich im Fall einer Wahl eine Trennung von mindestens dem Hauptteil meines Vermögens, der Ems-Chemie, als notwendig erachten, auch wenn das gesetzlich nicht zwingend wäre. In einem Unternehmen können Schwierigkeiten auftreten. Ich möchte nicht als Mitglied der Landesregierung nebenher dafür sorgen müssen, dass in Ems-Chemie nichts schief läuft. Daher würde ich im Fall einer Wahl die Erbschaft vollziehen, so dass meine Kinder die Mehrheit, also 68%, an der Ems-Gruppe besitzen würden.