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Economy

09.11.2003

Je ne suis pas un démagogue

Interview dans «swissinfo.org» du 09 novembre 2003 Contestés, mais engrangeant les succès électoraux: Christoph Blocher et l’Union démocratique du centre (UDC/ droite dure) veulent désormais être au gouvernement pour appliquer leur programme, «moins d’Etat.» Interview: Ariane Gigon Bormann et Etienne Strebel swissinfo: Quelle signification a pour vous la communauté suisse de l’étranger? Christoph Blocher: Les Suisses de l’étranger sont pour nous d’importants «porteurs d’images». Ils représentent notre pays. De plus, beaucoup de Suisses de l’étranger sont très attachés à leur patrie. Je regrette que nous ayons trop peu de contacts avec eux. Une majorité d’entre eux ne sont pourtant pas sur la même longueur d’ondes que vous et souhaite une adhésion à l’Union européenne (UE) jusqu’en 2007. Que leur répondez-vous ? Blocher: Je comprends leur point de vue. Une adhésion leur apporterait des simplifications administratives, pour les autorisations de travail par exemple. Mais ces simplifications personnelles ne peuvent pas passer au-dessus des conséquences autrement plus graves qu’aurait une adhésion pour notre indépendance. Quand on explique ce que signifie vraiment la perte de notre neutralité, de notre souveraineté et de la démocratie directe, la plupart des interlocuteurs comprennent notre position. Globalement, la Suisse y perdrait politiquement, économiquement et culturellement. swissinfo: Les difficultés traversées par l’UE ont-elles renforcé la position des anti-européens en Suisse? Blocher: Assurément. En 1992, quand on a voté sur l’Espace économique européen, tout était moins rigide. Ce n’était pas encore l’Union, mais la Communauté européenne. Il n’y avait pas de monnaie unique, ni d’intention de créer une politique extérieure et sécuritaire commune. J’ai toujours dit que la question n’était pas de savoir si nous devions adhérer à l’Union européenne, mais à quelle Union européenne nous devions adhérer. Si cela avait été une alliance souple entre les Etats, nous en serions vraisemblablement membre, puisque nous sommes de toute façon liés avec l’Europe. swissinfo: Vous insistez beaucoup ces derniers jours pour balayer les étiquettes qu’on vous a collées, fachiste, nationaliste, etc. Est-ce que les comparaisons avec Le Pen ou Haider vous vexent? Blocher: Ces comparaisons sont ineptes. Je ne connais ces personnes qu’à travers les journaux, pas personnellement. Ma politique n’a rien à voir avec eux. Haider est un opportuniste et Le Pen un braillard monomaniaque. swissinfo: Et l’étiquette de démagogue, vous la rejetez? Blocher: Je ne suis pas démagogue. Un démagogue est quelqu’un qui séduit le peuple. Moi j’essaye de le convaincre. Parfois les gens sont d’accord avec moi, d’autres fois non. C’est comme ça, dans une démocratie. Je me bats pour mes opinions, qu’elles soient «populaires» ou non. swissinfo: Mais vous avez quand même un côté séducteur, vous savez comment passionner un auditoire. Blocher: Je me donne de la peine de parler de façon à ce que les gens me comprennent. Ce qui se conçoit clairement s’énonce clairement. Et si on ne parle pas clairement, c’est qu’on n’a pas les idées claires. swissinfo: «Simple» n’est jamais loin de «simplifié» Blocher: Bon, ce n’est pas si grave, une solution simplifiée, de temps en temps. Les choses se normalisent toujours, ensuite. Les gens ne sont pas si bêtes que l’on croit. Ils ne sont en tout cas pas plus bêtes que le parlement! Le parlement est fait d’élus du peuple, il est donc normal qu’il compte des personnes intelligentes et d’autres qui le sont moins. swissinfo : Vous-mêmes ne reculez pas devant les étiquettes. Récemment, vous avez fustigé les «faux invalides». Blocher: Je n’ai pas trouvé d’autre mot. Beaucoup de bénéficiaires de l’AI ne sont pas invalides. Tout le monde sait qu’il y a des abus. On ne peut pas régler les problèmes si on ne les dénonce pas. swissinfo : Cette campagne a pu donner l’impression que tous les invalides étaient des tricheurs. Blocher: C’était un risque. Mais vous ne pouvez quand même pas laisser exister un abus qui nous coûte des milliards et continuer à le financer avec l’argent des contribuables, simplement parce que ce n’est pas gentil d’en parler. Celui qui est honnête et travaille consciencieusement se sent trahi. Cette campagne a néanmoins fait un peu bouger les choses. On va enfin prendre des mesures contre les abus. swissinfo: Vous êtes favorable à la technologie génétique en agriculture, contrairement à une partie de vos électeurs. Un dilemme? Blocher: En ce qui concerne la politique agricole, j’ai effectivement quelques divergences avec mon parti. Moi je n’ai aucune réserve face à l’utilisation de la technologie génétique en agriculture. Mais certaines personnes, chez nous, pensent qu’une agriculture suisse sans OGM serait très recherchée et réaliserait d’énormes bénéfices à l’exportation. C’est une illusion. Les aliments génétiquement modifiés ne sont pas plus mauvais que les autres, qualitativement. Aux Etats-Unis, j’en mange sans réserves et je n’ai jamais remarqué de différence. En outre, si les produits sans OGM coûtent plus cher - ce qui est prévisible - le marché les sanctionnera. swissinfo: Et les subventions à l’agriculture? Les supprimerez-vous avec la même ardeur que d’autres? Blocher: Mon parti veut éliminer les subventions dans tous les domaines qui relèvent de l’économie libre. Il faut supprimer l’encouragement à la construction de logements, l’aide au tourisme, au cinéma, à l’exportation, etc. Le crédit pour Swiss était aussi une grande erreur. Mais, dans tous les pays du monde, l’agriculture est protégée et soutenue. Car les paysans remplissent une mission considérable, à savoir la mise en valeur du sol pour qu’il ne dépérisse pas. Ils garantissent aussi la production de produits agricoles, correspondant, jusqu’à un certain point, aux besoins du pays. L’Etat doit faire en sorte que ces prestations soient compensées. Mais on pourrait le faire mieux qu’aujourd’hui. A mon sens, une aide fixe par mètre carré, ou par hectare, suffirait, suffisamment élevée pour que le paysan exploite son sol. Mais ce que le paysan plante ou produit avec, c’est son affaire. Je ne payerais en tout cas plus de subventions à la production. swissinfo: Si vous êtes élu au Conseil fédéral, vous engagerez-vous pour une baisse des salaires des membres de l’exécutif, comme un groupe proche de l’UDC l’avait obtenu en ville de Zurich? Blocher: C’est ce que je demande depuis des années. Les conseillers fédéraux ne doivent pas dépendre financièrement de leur fonction. Ils gagnent plus que le président américain ou que le chancelier allemand. swissinfo: Et moins que vous en tant que patron d’Ems Chimie! Blocher: Oui, mais moi, personne ne me paye! Je n’ai rien à redire contre quelqu’un qui a du succès avec son entreprise et s’enrichit. Mais les conseillers fédéraux sont des employés, ils sont payés grâce à l’argent des contribuables. A mon avis, le salaire des conseillers fédéraux devrait être divisé par deux, à 200 000 francs. Cela reste un bon salaire. Un conseiller fédéral ne court aucun risque financier, contrairement à une entrepreneur qui a mis son argent dans son entreprise. swissinfo: Votre parti progresse quasiment dans toutes les élections législatives mais, selon un sondage récent, 56% des personnes interrogées ne voteraient pas pour vous au Conseil fédéral, tandis que 12% ne se prononcent pas. Cela vous surprend-il? Blocher: Non. Aucun parti n’a la majorité des gens derrière lui. Je suis même étonné que 32% disent oui, c’est au-dessus de notre poids électoral. De plus, 32%, cela suffirait pour une élection par le peuple, puisqu’il faudrait juste un septième, pour être élu. swissinfo: Plaisantant devant des journalistes étrangers, vous avez dit être trop vieux pour instaurer une dictature. Et si vous étiez plus jeune? Blocher: J’ai repris une citation de De Gaulle, prononcée en mai 1958 alors qu’il s’apprêtait à prendre la responsabilité du pays et que ses opposants lui demandaient s’il serait capable de tenir compte d’opinions différentes. C’était aussi ce qu’on me demandait, d’où ma réponse. Il faut vraiment vouloir être méchant pour ne pas comprendre l’ironie de ma phrase. Je suis un démocrate absolu! C’est précisément la raison pour laquelle je me bats pour la liberté d’expression dans notre pays et je prends aussi la liberté de dire des choses, qui sont désagréables.»

09.11.2003

Non sono un demagogo

«swissinfo» del 9 novembre 2003 È una delle più controverse figure dell'attuale scena politica svizzera - e ne trae un grande successo. Con l'UDC, Christoph Blocher ha vinto le elezioni federali 2003.   di Ariane Gigon Bormann e Etienne Strebel     swissinfo: Che significato riveste per lei la comunità degli svizzeri all'estero?   Christoph Blocher: Gli svizzeri all'estero sono dei «portatori d'immagine» oltremodo importanti per noi. Sono i rappresentanti del nostro paese. Molti svizzeri all'estero provano un grande attaccamento per la patria, e mi spiace che si curino troppo poco i contatti con queste persone.   Una netta maggioranza degli svizzeri all'estero vorrebbe un'adesione all'UE entro il 2007. Per loro, questo è il più importante problema che la Svizzera politica deve attualmente risolvere. Cosa risponde loro?   Blocher: Dal loro punto di vista, li capisco, poiché avrebbero delle facilitazioni. Ma in primo luogo si tratterebbe di facilitazioni d'ordine amministrativo, come per esempio i permessi di lavoro. Ma queste facilitazioni personali non possono nascondere i gravi svantaggi per il nostro paese, nel caso di un'adesione all'UE. E se si spiega alla gente quali profonde conseguenze avrebbero l'abbandono della nostra neutralità e sovranità, la perdita della democrazia diretta, allora generalmente capiscono la nostra posizione. Nel complesso, la Svizzera perderebbe sia sul piano politico che su quello economico e culturale.   Le vicende dell'UE hanno rafforzato le posizioni degli anti-europei?   Blocher: Certamente. Nel 1992, quando abbiamo votato sullo Spazio economico europeo, non c'era ancora l'Unione europea, bensì una Comunità europea senza moneta unica, senza l'intenzione di dar vita a una politica estera e di sicurezza comune. Ho sempre detto che il problema non è se aderire all'UE oppure no. La domanda è: a quale Unione Europea. Se si fosse trattato di una semplice alleanza fra stati, vi faremmo parte anche noi, poiché siamo comunque legati all'Europa.   La disturba il fatto di essere spesso paragonato a Le Pen e Haider?   Blocher: Sì, sono paragoni assurdi. Non conosco personalmente questi signori, ma solo attraverso i giornali. E non ho nemmeno niente da spartire con la loro politica. Haider è un opportunista e Le Pen un attaccabrighe monotematico.   Ma lei è un populista, un demagogo?   Blocher: Un demagogo è uno che inganna il popolo. Io no, io cerco di convincere il popolo. A volte la gente è d'accordo con me, a volte no. È così in democrazia. E io mi batto per le mie posizioni, siano esse «popolari» o no.   Però è lo stesso un seduttore, con una bella parlantina...   Blocher: Per parlare, sì, mi do anche la pena di parlare in modo che la gente mi capisca. Tutto quel che si è ben riflettuto è facile da dire. E se non si può presentare una cosa in modo facile, non la si può nemmeno immaginare bene.   Ma «rendere facile» non corrisponde anche a «semplificare»?   Blocher: Ebbene, non è così grave. A volte capita che una soluzione venga semplificata, ma poi tutto si normalizza. La gente non è così stupida come spesso si crede. Non è più stupida del parlamento, della rappresentanza popolare. Lì sono rappresentati sia gli intelligenti che gli stupidi.   Lei ha creato il termine «falsi invalidi».   Blocher: Non ho trovato nessuna parola più adatta. Ci sono molte persone che ricevono rendite dall'assicurazione invalidità, senza essere veramente invalidi. E questo lo sanno tutti. Ma come si può risolvere un problema, se non lo si può nemmeno chiamare per nome?   Ma si potrebbe pensare che tutti gli invalidi siano truffatori.   Blocher: Il pericolo c'è. Ma non si può nemmeno tollerare e continuare a finanziare con le imposte un abuso che ci costa miliardi, soltanto perché non è bello parlarne. Ogni persona onesta che va a lavorare deve sentirsi imbrogliata. Questa campagna ha comunque dato il via alla ricerca di una soluzione, e ora finalmente si sta facendo qualcosa per combattere contro questi abusi.   Cambiamo argomento. Qual è la sua posizione circa il ricorso alla tecnologia genetica nell'agricoltura?   Blocher: Molto aperta. Non ho nessuna reticenza nei confronti dell'impiego della tecnologia genetica nell'agricoltura.   Non sarebbe un vantaggio per la Svizzera, il fatto di non offrire prodotti agricoli geneticamente modificati?   Blocher: In fatto di politica agricola, ho qualche divergenza con il mio partito. C'è gente che sostiene, nell'UDC, che potremmo beneficiare di una fortissima esportazione di prodotti alimentari privi di organismi geneticamente modificati. Ma è un'illusione. Dal punto di vista qualitativo, gli alimenti prodotti con la tecnologia genetica non sono peggiori degli altri. Quando sono in America, posso mangiarne senza alcun timore, non ho mai notato differenze con i nostri prodotti. E se poi gli alimenti senza OGM costeranno di più, come è prevedibile, verranno bocciati dal mercato.   Lei si dà da fare per ridurre agevolazioni e sovvenzioni, ma non per i contadini. Perché chiede meno risparmi in quel settore?   Blocher: Vogliamo abolire le sovvenzioni in tutti i settori del libero mercato. Perciò niente sovvenzioni per l'edilizia, il turismo, il cinema, l'economia esterna e via dicendo. Anche l'impegno per la compagnia aerea Swiss è stato un grosso errore. Per quanto concerne l'agricoltura, va detto che tutti i paesi industrializzati la proteggono e la sostengono. I contadini svolgono un mandato, che è quello di lavorare il suolo affinché non vada in rovina. E così garantiscono, in parte, l'approvvigionamento del paese. Per cui lo stato deve pure provvedere a compensare queste prestazioni. Ma è vero che si potrebbe fare meglio di quanto non si faccia oggi. Io attribuirei un importo fisso per ogni metro quadrato, o per ogni ettaro, che basti affinché il contadino possa sfruttare il terreno. E quel che vi coltiva, è affar suo. Non pagherei quindi più sovvenzioni alla produzione.   E gli stipendi dei consiglieri federali, li ridurrebbe?   Blocher: Da anni chiedo stipendi più bassi per i consiglieri federali. Non devono dipendere finanziariamente dalla loro carica. E i nostri consiglieri federali, per esempio, guadagnano più del presidente americano, più del cancelliere tedesco.   ...ma meno di lei con il suo Gruppo chimico Ems.   Blocher: Sì, sì, ma nel mio caso non c'è nessuno che mi paga. Non ho niente contro, se qualcuno dirige una ditta di successo e diventa ricco. Ma i consiglieri federali sono impiegati statali e vivono quindi dei soldi dei contribuenti. Ho sempre detto che bisogna dimezzare gli stipendi. 200'000 franchi sono una buona paga, tenendo conto che un consigliere federale non rischia nulla, mentre un industriale impiega i suoi soldi nella ditta.   Il suo partito riscuote molti consensi e lei stesso viene sempre eletto con ottimi risultati. Tuttavia, secondo un sondaggio, il 56 percento degli svizzeri non la vorrebbe in consiglio federale. Non è una contraddizione?   Blocher: No, perché nessun partito ha la maggioranza. Ma il 32 percento si è espresso a favore di un consigliere federale Blocher, quindi più della percentuale dei miei elettori. In un'elezione popolare, il 32 percento sarebbe sufficiente, poiché il quel caso basterebbe un settimo dei voti per essere eletto.   Di recente ha detto di essere «troppo vecchio per instaurare una dittatura». E se avesse 20 o 30 anni di meno?   Blocher: Era una frase di De Gaulle. Quando stava per assumere la responsabilità del paese, i suoi avversari gli chiesero se fosse in grado di considerare le opinioni degli altri, o se volesse tutto il potere per sé. E questa era anche la domanda che mi è stata rivolta. Ci vuole molta perfidia, per non afferrare l'ironia nella mia risposta. Io sono un democratico assoluto. Proprio per questo mi batto per la libertà d'opinione in questo paese e mi prendo anche la libertà di dire cose che possono dar fastidio.

22.10.2003

«Ich würde die Erbschaft vollziehen»

Interview in der "Finanz und Wirtschaft" vom 22. Oktober 2003 von Manfred Rösch Herr Blocher, sollten Sie am 10. Dezember in den Bundesrat gewählt werden, so müssten Sie aus allen Geschäftsleitungs- und Verwaltungsratsgremien, denen Sie angehören, zurücktreten. Wie haben Sie Ihre allenfalls erforderliche Nachfolge in der Ems-Gruppe geregelt? Blocher: Selbstverständlich würde ich aus sämtlichen Verwaltungsräten zurücktreten. Das ist ohnehin seit etwa einem Jahr vorbereitet. Damals erklärte ich, wie wir das lösen wollen. meine Tochter Magdalena Martullo ist als Vizepräsidentin des Verwaltungsrats seit Anfang dieses Jahres zuständig für alle strategischen Arbeiten, also die Ein- und Zweijahres- sowie die Langfristplanung, die Marketingkonzepte und die Führung der operativen Bereiche. Wie die Nachfolgeregelung konkret aussähe, würde ich erst nach dem 10. Dezember bekanntgeben. Die Publikumsaktionäre von Ems-Chemie wären daran jetzt schon interessiert. Blocher: Sollte mich die Bundesversammlung nicht wählen, würde ich mit diesen Schritten noch vielleicht ein Jahr zuwarten. In diesem Fall wäre es ungeschickt, wenn ich bereits jetzt bekannt gäbe, welche Person künftig was macht, um dann nach einer möglichen Nichtwahl zu sagen: Jetzt machen wir es eben noch nicht. Die Chancen, dass ich nicht gewählt werde, stehen natürlich bei 50%. Aber vorbereitet ist alles. Das habe ich schon vor zwei Jahren eingeleitet, denn es kann, abgesehen von einer Bundesratswahl, schliesslich etwas auf einen zukommen, das solche Vorkehren nötig macht. Als Bundesrat wären Sie frei, Ihre Aktien zu behalten. Blocher: Im Prinzip könnte ich das Unternehmen behalten. Es gibt keine Interessenkonflikte. Ems-Chemie hat keine Geschäftsbeziehungen mit der Eidgenossenschaft. Das hätte immerhin den Vorteil, dass bekannt wäre, wo das Vermögen wenigstens eines Bundesratsmitglieds angelegt ist. Dennoch würde ich im Fall einer Wahl eine Trennung von mindestens dem Hauptteil meines Vermögens, der Ems-Chemie, als notwendig erachten, auch wenn das gesetzlich nicht zwingend wäre. In einem Unternehmen können Schwierigkeiten auftreten. Ich möchte nicht als Mitglied der Landesregierung nebenher dafür sorgen müssen, dass in Ems-Chemie nichts schief läuft. Daher würde ich im Fall einer Wahl die Erbschaft vollziehen, so dass meine Kinder die Mehrheit, also 68%, an der Ems-Gruppe besitzen würden.

08.10.2003

Pour moi, le Conseil fédéral serait une punition

Interview dans «l'Illustré» du 08 octobre 2003 Interview: Marie-Christine Pasche Pour la première fois, l'UDC a organisé un rassemblement national à Montreux, en Suisse romande. Avez-vous apprécié cette nouveauté ? Christoph Blocher: Oui bien sûr, même si la langue représente un handicap. Comme je parle sans texte écrit, je dois réfléchir aux idées à développer, plus au français, c'est difficile. Mais ce qui m'a surtout frappé, c'est le changement politique intervenu ces dernières années. En 1992, lors du vote sur l'Espace économique européen, on me diabolisait ! Aujourd'hui, même dans la rue, les gens me saluent, m'adressent la parole. Vous sentez-vous plus à l'aise ? Christoph Blocher: Surtout mieux accueilli. Les chauffeurs de taxi par exemple, me reconnaissent, me disent qu'ils aiment l'UDC. Le climat a beaucoup changé. A quoi l'attribuez-vous ? Christoph Blocher: Plusieurs facteurs expliquent cette évolution positive. Premièrement, lorsque la presse et les politiciens adverses exagèrent - et en 1992, c'était vraiment affreux - la population finit par s'en apercevoir et considérer que je suis un citoyen comme les autres, qui défend ses idées et c'est tout. Ensuite, après tous les discours de 1992, qui décrivaient l'Union européenne presque comme un paradis sur terre, les gens ont vu ce qui s'est passé. La Suisse n'a pas rencontré les problèmes prévus par les partisans. En revanche, ils constatent, onze ans plus tard, que l'Union européenne ne fonctionne pas bien. En plus, la Suisse romande doit vivre avec les conséquences des abus sur l'asile. A Genève, c'est même pire qu'à Zurich, car les Africains francophones préfèrent s'installer là où on parle français. Pour toutes ces raisons, les Romands commencent à bouger. En face, les autres partis sont affaiblis. Lorsqu'ils se sentent attaqués sur leurs positions, ils changent d'avis, surtout les radicaux et les démocrates chrétiens. Est-ce parce qu'ils ont peur de vous ? Christoph Blocher: Ils n'ont plus la force de résister aux attaques, de lutter pour leurs idées. Il faut reconnaître qu'ils ne sont pas irréprochables, beaucoup par exemple pratiquent le copinage et présentent donc des points faibles. Lorsque vous les traitez de corrompus, ils sont tout de suite d'accord avec vous. C'est pareil à Zürich avec les radicaux: ils ont privilégié leurs réseaux, le filz comme on dit ici, au lieu des compétences dans de si nombreux dossiers, - Swissair, Rentenanstalt, Crédit Suisse etc - comment voulez-vous qu'ils soient crédibles ? Dans la population, beaucoup pensent que l'UDC lutte encore ouvertement, qu'elle a la force de résister car aussi, elle a moins de copinage à cacher. Quel score espérez-vous atteindre en Suisse romande aux élections fédérales ? Christoph Blocher: Si on obtient 10%, ce sera un bon chiffre pour commencer. Ces dernières années, l'UDC a beaucoup augmenté son succès dans les villes. Cela signifie-t-il que les gens des villes se rapprochent de ceux de la campagne ? Christoph Blocher: Oui, car ils ne souhaitent pas non plus que la Suisse entre dans l'UE, il en ont assez de payer toujours davantage pour leurs primes-maladie et surtout, ils vivent quotidiennement avec les conséquences des problèmes liés à la politique d'asile. En outre les socialistes, surtout à Zurich, ne sont plus les représentants des employés de l'industrie privée, mais ceux des intellectuels, des employés du tertiaire et surtout, des fonctionnaires. Ils ne sont plus capables de soutenir les personnes qui veulent des entreprises fortes pour donner du travail. Beaucoup d'ouvriers nous ont donc rejoints. Pensez-vous que votre force est de n'avoir pas dévié dans votre discours depuis 25 ans? Christoph Blocher: Nous n'avons évidemment pas toujours été confrontés aux mêmes problèmes. Mais les positions fondamentales sont restées les mêmes: défendre la souveraineté et la neutralité de la Suisse. Sans oublier la politique envers les étrangers ? Christoph Blocher: Nous la dénonçons depuis déjà 15 ans, surtout les abus de l'asile et la présence de clandestins. Nous n'avons rien contre les étrangers qui vivent en Suisse avec un contrat de travail et un permis. Vraiment ? N'étiez-vous pas opposé à la libre circulation des personnes au sein de l'UE, qui ne concerne justement que les étrangers avec un contrat de travail ? Christoph Blocher: J'aurais préféré que l'on garde l'ancien système d'octroi de permis. Nous ne nous sommes jamais opposés à la venue de travailleurs dont le pays a besoin. Mais avec la libre circulation des personnes je suis sûr que le chômage augmente. N'engagez-vous pas d'Européens dans votre entreprise ? Christoph Blocher: Si bien sûr, lorsque trois personnes se présentent pour un poste de chimiste, le chef engagera le meilleur au salaire le plus intéressant, quelle que soit sa nationalité, c'est clair ! On est d'ailleurs obligés d'agir de cette façon puisque la concurrence le fait. Cela dit, le problème le plus grave est posé par les criminels, les trafiquants, et aussi tous ceux qui entrent illégalement en Suisse, et travaillent au noir. Mais alors que diriez-vous aux patrons suisses qui les emploient ? Christoph Blocher: Certes certains employeurs leur donnent du travail. Mais puisqu'ils sont de toute manière ici, on peut aussi considérer que ce n'est pas bon qu'ils restent inoccupés. La question centrale est donc pour vous de ne pas les laisser entrer dans le pays. Christoph Blocher: Oui, la première mesure est d'effectuer un vrai contrôle aux frontières. Voyez l'Autriche: depuis 13 ans, on ne peut traverser la frontière sud que par les routes, le reste du territoire est fermé. Nous devons aussi faire respecter les accords qui stipulent qu'un requérant doit rester dans le pays tiers qu'il a traversé, où il n'est pas menacé. Au lieu d'établir de nouvelles règles, comme vous le proposez dans votre nouvelle initiative sur l'asile, ne serait-il pas suffisant d'appliquer les lois existantes ? Christoph Blocher: Plus ou moins. Je crois qu'il est absolument indispensable d'imiter l'Allemagne, qui a réduit de moitié le soutien financier aux immigrants. Cela permettrait de réduire l'attractivité de notre pays. Et pour résoudre ces questions liées à l'asile, ne pensez-vous pas qu'il serait plus efficace de collaborer avec l'UE ? Christoph Blocher: Je n'ai rien contre une collaboration qu'on peut d'ailleurs avoir aujourd'hui. Si la Suisse veut signer l'accord de Dublin sur l'asile, si cela ne va pas plus loin qu'une coordination renforcée entre Etats, je ne m'y opposerai pas. Mais attention, ce n'est pas Schengen, qui signifierait la disparition de tout contrôle à la frontière ! En tant que chef d'entreprise, ne partagez-vous pas l'idée que notre croissance stagne depuis quelques années car la Suisse n'est pas membre de l'UE ? Christoph Blocher: Non, non il y a d'autres raisons. La première c'est que la Suisse a augmenté les dépenses publiques ces derniers dix ans plus que tous les autres pays industriels au monde. On le sait, l'Etat retire beaucoup d'argent aux entreprises et aux privés par le biais de l'impôt, donc chacun a moins pour consommer. Même comme ça, la dette publique est gigantesque, alors comment faire ? Christoph Blocher: Les deux phénomènes sont liés car lorsqu'on a trop d'argent, on a tendance à le dépenser sans trop y regarder et on en fait des bêtises. J'en veux pour preuve les 2 milliards et demi pour Swiss. Autre exemple, le tourisme. C'est idiot d'avoir distribué de l'argent public à ce secteur. Ainsi on soutient les faibles, ceux qui n'ont pas de succès et du même coup on désavantage les entreprises fortes qui conduisent bien leurs affaires. Résultat, ces dernières s'affaiblissent à leur tour. On peut évoquer mille domaines où Berne a dilapidé l'argent public comme Expo 02, les 100 millions destinés à connecter les écoles à Internet ou l'aide à la création de crèches et de garderies, alors que c'est un devoir des cantons et des communes. A quoi ressemble votre Suisse idéale ? Une Suisse toute seule, qui arrive à se battre avec le monde entier ? Christoph Blocher: Pour moi c'est tout simple. Il faut conserver la recette qui a fait notre succès. Rester un état souverain qui veut décider seul de son destin, mais aussi entretenir de bonnes relations avec tous les pays du monde, qui sont plus ou moins nos amis. Pour garder notre pouvoir de décision, nous ne voulons entrer dans aucune grande organisation internationale et nous tenons à rester neutres. Ne pensez-vous pas qu'un jour, nos partenaires en auront assez de ce petit pays qui veut les avantages et jamais les inconvénients de ces relations avec l'extérieur ? Christoph Blocher: Non, je n'ai pas peur de ça, d'abord parce qu'ils ont aussi besoin de nous. La Suisse est tout de même le deuxième client de l'UE, et un client qui a les moyens de payer ce qu'il achète, contrairement à beaucoup d'autres ! Depuis 700 ans, lorsque nous avons un conflit avec un autre pays, nous négocions un arrangement. Continuons, sans jamais donner la compétence à qui que ce soit de décider à notre place. N'avez-vous pas l'impression qu'à l'UDC tout repose sur votre personne ? Christoph Blocher: Peut-être il y a dix ans mais plus aujourd'hui. Nous pouvons compter sur une relève intelligente et très engagée. Vous voyez donc arriver votre retraite avec sérénité ? Christoph Blocher: Elle n'est pas encore fixée mais ce ne sont pas mes dernières élections fédérales. Etes-vous tenté par le Conseil fédéral ? Christoph Blocher: J'ai toujours dit qu'on ne peut pas s'opposer fortement à la politique gouvernementale pendant des années et refuser d'y travailler le jour où on vous le demande. Etes-vous conscient que vous ne pourrez plus parler, critiquer avec la même liberté ? Christoph Blocher: Bien sûr, mon influence est bien plus importante en-dehors du Conseil fédéral. Mais on ne peut pas toujours faire de l'opposition et dire non lorsqu'on vient vous chercher. En fait je ne crois pas que ce sera le cas. Vous savez, pour moi, le Conseil fédéral serait une punition car je ne suis pas un homme d'administration. Je préfère le travail dans le terrain, lancer des idées et en débattre.

29.09.2003

L ‘UDC est-elle soluble dans la responsabilité gouverne-mentale?

Débat avec l 'ancien président du Parti radical, Franz Steinegger dans Le Temps du 29. septembre 2003 Depuis le rejet de l 'Espace économique européen (EEE), l 'UDC s 'est confinée dans un rôle d 'opposition. Une situation nouvelle pourrait se créer si elle obtenait un second siège au gouvernement. Christoph Blocher,qui nie tout intérêt personnel pour ce poste,en débat avec l 'ancien président du Parti radical, Franz SteineggerContrairement à l 'UDC, le PRD pense que le rejet de l 'EEE était une erreur. Les deux partis ont des avis divergents sur la manière dont le Conseil fédéral doit se positionner vis-à-vis des négociations bilatérales. L 'élargissement de l 'UE est une autre source de division entre l 'UDC et le PRD. Alors que les autres partis avaient tendance à la considérer avec condescendance, l 'UDC est aujourd 'hui la principale force du camp bourgeois. Après les élections fédéralesdu 19 octobre, elle pourrait aussi avoir pris pied en Suisse romande. L 'UDC va-t-elle se transformer de parti d 'opposition en force gouvernementale pleinement intégrée? Christoph Blocher, maître à penser de l 'UDC, et Franz Steinegger, ancien président du Parti radical, en débattent. Franz Steinegger ,des parlementaires expérimentés vous verraient bien succéder à Kaspar Villiger. Et vous, Christoph Blocher, vous seriez peut-être le candidat idéal de l 'UDC au cas où elle obtiendrait un deuxième siège.Vous pourriez ainsi vous retrouver côte à côte au gouvernement dès janvier. Qu 'en dites-vous? Franz Steinegger: Je n 'éprouve aucune appréhension envers M.Blocher. Il est l 'un de mes adversaires politiques préférés, car il est intéressant de débattre avec lui. Il a des positions claires. Christoph Blocher ,,vous avez déjà été une fois candidat au Conseil fédéral. C 'était en 1999. Le serez-vous à nouveau? Christoph Blocher: Non. En1999, la situation était différente. Mes chances d 'élection étaient tellement inexistantes que je pouvais me permettre de me porter candidat. Pour le reste, je m 'en tiens à ce que j 'ai toujours déclaré: si le parlement devait m 'élire au Conseil fédéral, j 'accepterais mon élection. Mais je ne suis pas candidat. Franz Steinegger,,comptez-vous toujours attendre les élections d 'octobre avant de déci der si vous êtes candidat à la succession de Kaspar Villiger? F.S.: Oui. Christoph Blocher ,,l 'UDC remet régulièrement en question la représentation du Partisocialiste au gouvernement. Préféreriez-vous un gouvernement entièrement dans les mains des partis bourgeois? C.B.: L 'UDC soutient le système de concordance.Cela signifie qu 'elle accepte un mode de gouvernement où les trois plus grands partis ont deux sièges et le quatrième un seul. Aussi longtemps que nous étions le plus petit des quatre partis, nous avons toujours accepté cette règle. Il ne nous serait jamais venu à l 'idée d 'exiger un second représentant avant les élections de 1999. Mais après notre succès électoral d 'il y a quatre ans, nous étions dans l 'obligation de revendiquer ce second siège. Les autres partis nous l 'ont refusé.Ils ont voulu maintenir les deux sièges du plus petit des quatre partis.C 'est devenu une élection politique, ce qui signifie pour l 'UDC combattre le Parti socialiste. F.S.: Ce qui est déterminant pour l 'attribution des sièges au gouvernement, ce n 'est pas le pourcentage électoral,mais la représentation au parlement.Selon cette conception, l 'UDC n 'apparaît pas sensiblement plus puissante que le PDC. C 'est la raison pour laquelle l 'UDC n 'a pas obtenu de second siège au Conseil fédéral jusqu 'à maintenant. Cela pourrait être différent après les élections. F.S.: Je ne suis pas un prophète. Mais une constellation intéressante pourrait se présenter en décembre. L 'expérience démontre cependant que le parlement suisse n 'aime guère écarter des membres du gouvernement en place.Cela plaide contre l 'attribution d 'un second siège à l 'UDC. L 'UDC a obtenu ses plus grands succès grâce à sa politique d 'opposition. Que signifierait pour vous l 'obtention d 'un second siège au gouvernement? C.B.: Je tiens à rappeler que l 'UDC n 'a pas cherché à faire de l 'opposition.Elle y a été contrainte par les autres partis.Lors de la dernière élection d 'un UDC au Conseil fédéral, les autres partis n 'ont même pas voulu élire l 'un de nos candidats officiels. Ils ont préféré Samuel Schmid, qui, sur des questions aussi centrales que l 'asile, l'utilisation de l 'or de la BNS ou les engagements de l 'armée à l 'étranger, défend des positions différentes de celles du parti. Si nous avions un second conseiller fédéral et que celui-ci était complètement sur notre ligne politique, je pense que le gouvernement ferait davantage de compromis que l 'UDC pourrait soutenir. F.S.: Il n 'est pas tout à fait exact de dire que l 'UDC est dans l 'opposition depuis 1999.Elle joue ce rôle depuis plus longtemps, M.Blocher. Cela a commencé dans les années 90. L 'élément déclencheur a été la question européenne.Je juge extrêmement problématique d 'être au gouvernement et de mener simultanément une politique d 'opposition fondamentale.Mais je dois concéder une chose à l 'UDC.Après le rejet de l 'EEE, les perdants,à commencer par le Conseil fédéral, n 'ont pas traité correctement les gagnants. Après le rejet d 'un projet en votation populaire, il est de tradition que le gouvernement s 'asseye à la même table que les "vainqueurs " pour discuter de la suite. Cela n 'a pas été fait en 1992.Au contraire. Le Conseil fédéral a poursuivi son but d 'adhésion à l 'UE et entamé les négociations bilatérales.Cela a eu pour conséquence que l 'UDC a pu mener sa politique d 'opposition. Qu 'aurait dû faire le Conseil fédéral à l 'époque? F.S.: Il aurait fallu laisser la question de l 'adhésion en arrièreplan et contraindre les adversaires de l 'EEE à afficher leurs intentions dans le cadre des négociations bilatérales. Il n 'y a jamais eu de vraie discussion entre le Conseil fédéral et ceux qui avaient gagné la votation de l 'EEE. C.B.:L 'EEE était un aiguillage très important pour la Suisse. Le Conseil fédéral n 'a d 'ailleurs pas considéré cet accord comme n 'importe quel accord de libre-échange. Adolf Ogi avait parlé à l 'époque de "camp d entraînement " pour une adhésion ultérieure à l 'UE. La conseillère nationale Vreni Spoerry a utilisé l 'expression de "fiançailles " avec l 'Europe.L 'EEE était ainsi, de fait, un vote sur l 'adhésion. Il ne faut pas oublier que le Conseil fédéral avait déposé, quelques mois avant le scrutin, sa demande d 'adhésion à Bruxelles. C 'était une faute politique? F.S.: Oui. Au printemps 1992, je m 'en souviens très bien, M.Blocher, vous         n'étiez pas du tout certain de vouloir combattre l 'accord sur l 'EEE.Vous étiez avant tout opposé à l 'adhésion à l 'UE. Ce n 'est qu 'après la décision prise par le Conseil fédéral le 18 mai 1992 de déposer la demande d 'adhésion que vous êtes devenu un opposant déclaré à l 'EEE. C.B.: Je reconnais volontiers que, ce soir-là,j 'ai bu une bonne bouteille de vin avec Otto Fischer (ndlr: qui était alors le directeur de l 'Association pour une Suisse indépendante et neutre, ASIN). Mais je reconnais que la décision du Conseil fédéral avait le mérite d 'être conséquente. Aujourd 'hui, je dois constater que le Conseil fédéral et la majorité du parlement n 'ont toujours pas accepté le rejet de l'EEE. On a parlé d 'une journée noire,d 'une faute, pire encore, et le gouvernement n 'a jamais vraiment pris acte de ce vote. La question européenne n 'a jamais été discutée à fond par le Conseil fédéral, car il n 'a jamais été uni à ce sujet. Cela a bloqué la Suisse pendant dix ans. Toutes les négociations internationales - les bilatérales avec l 'UE, l 'accord aérien avec l 'Allemagne, etc.- sont suspectes ,,car on part de l 'idée que le Conseil fédéral ne les mène que dans la perspective d 'adhérer à l 'UE plus tard. F.S.: Le fait est quand même que le débat européen a permis à l 'UDC de mener avec succès sa stratégie d 'opposition. C.B.: Nous menons aussi une politique d 'opposition pour d 'autres raisons: la politique fiscale,la politique d 'asile, par exemple. Mais on ne prend jamais nos critiques au sérieux, bien que la moitié de la population nous suive. Le rejet de l 'EEE n 'a-t-il pas confiné la Suisse dans l 'isolement? C.B.: La Suisse occupe toujours une place importante sur les plans politique et économique. Lors de la votation sur l 'EEE, on a brandi la menace d 'un déclin économique. Les faits le démentent:à l 'exception de la croissance, tous les indicateurs économiques de la Suisse sont excellents en comparaison européenne. Et si nous ne sommes pas parvenus à relancer la croissance, c 'est parce que, ces dix rnières années, les politiciens ont laissé croître la quote-parte de l 'Etat plus fortement que dans les autres pays. A chaque fois contre la volonté de l 'UDC. Kaspar Villiger lui-même a calculé qu 'un pour-cent de TVA coûtait environ 12000 emplois. Franz Steinegger,,quel bilan tirez-vous du refus de l 'EEE? F.S.: Je reste convaincu que ce rejet était une erreur. L 'EEE était une solution raisonnable. D 'autres pays, soit la Norvège,le Liechtenstein et l 'Islande,s 'en accommodent très bien et n 'ont pas pour autant été absorbés par l 'UE.La voie bilatérale nous coûte assurément plus cher, d 'un point de vue institutionnel et financier, que l 'EEE. Nous sommes condamnés à établir des règles claires dans nos relations avec l 'UE.Pour l 'instant, nous n 'avons que la solution bilatérale pour le faire. -La Suisse doit -elle s 'associer aux accords de Schengen et de Dublin? F.S.: Il est difficile de répondre à cette question pour l 'instant. Je pense qu 'il est important pour la Suisse de participer à l 'accord de Dublin.Le problème de l 'asile est tel qu 'aucun pays ne peut prétendre le résoudre seul. En ce qui concerne Schengen, on avance toujours le fait que les contrôles aux frontières seront supprimés. Il est pourtant beaucoup plus important de considérer que cet accord permet un échange d 'informations entre les polices des différents pays. A ce titre, l 'intérêt de l 'UE est aussi grand que celui de la Suisse. Une collaboration est indispensable. C.B.: Plutôt que de se disputer sur des détails, la question centrale me paraît être de dire ce que nous voulons vraiment. Et que voulez - vous,Christoph Blocher? C.B.: Une Suisse indépendante et neutre! Nous refusons une Suisse sans frontières et disons non à Schengen !L 'UE ne nous oblige d 'ailleurs pas à entrer dans l 'espace Schengen,elle nous réclame plutôt des concessions sur le secret bancaire et la fiscalité de l 'épargne. Alors parlonsen! Mais l 'UE ne nous demande rien pour Schengen. Et c 'est tant mieux. L 'accord de Dublin prévoit un échange d 'informations dans le domaine de l 'asile. C'est peut-être une amélioration, mais cela ne résout rien.Il serait essentiel que les milieux politiques aient un avis et une position à ce sujet .Au lieu de cela, ils nous disent :"Attendons de connaître le résultat des négociations." F.S.: Nous ne savons tout simplement pas sur quoi les négociations vont aboutir. Il est donc logique que le Conseil fédéral ne prenne pas de position définitive pour le moment. C.B.: Depuis la deuxième moitié des années 80, il n 'y a plus eu de vrai débat sur la position de la Suisse dans le monde.Au lieu de cela, on ne prend que des décisions tactiques. F.S.: Je ne critique pas le gouvernement de manière aussi sévère. Je suis cependant d 'avis que les conseillers fédéraux devraient davantage s 'occuper des tâches globales du gouvernement au lieu d 'être de simples chefs de département. A chaque fois que déboule sur la Suisse un problème important qui nécessite une collaboration entre les départements, comme ce fut le cas avec l 'Holocauste, nous constatons qu 'il y a un grand vide et le gouvernement apparaît faible et divisé. La Suisse appartient à l 'ONU depuis tout juste un an. Christoph Blocher, vous avez combattu l 'adhésion à l 'ONU en prophétisant une grave perte d 'indépendance. Cette catastrophe s 'est-elle produite? C.B.: L 'adhésion était une erreur, mais le peuple a décidé autrement et j 'accepte sa décision.La participation à l 'ONU menace notre neutralité. Elle est de plus en plus ba- fouée.Nous devons la prendre au sérieux, sinon nous affaiblissons le pays. F.S.: Etre à l 'ONU est très important pour la sécurité de la Suisse et je me réjouis que nous y soyons. Ce qu 'il faut éviter, c'est que la Suisse se sente obligée de prendre position sur tous les problèmes du monde.Mais la participation a plus d 'avantages que de désavantages. Le terrorisme international ne peut être combattu que sur le plan international. On ne peut tout de même pas aller dire à Ben Laden: "Ne nous faites rien, nous sommes neutres!" C.B.: Je n 'analyse pas la situation de manière aussi simpliste. La neutralité vise à prévenir le gouvernement d 'autoriser des manifestations qui offrent la possibilité à des ennemis de s 'installer dans notre pays. Ce n 'est pas un hasard si les Etats-Unis sont aujourd 'hui les plus menacés par le terrorisme. L 'UE est en train de s 'élargir à l 'est. Quelles conséquences cela a-t-il pour la Suisse? F.S.: Je pense que les aspects positifs l 'emportent.Le marché intérieur européen s 'élargit et devient le plus grand du monde. Comme nous sommes un pays exportateur, nous ne devons pas laisser passer cette occasion. Nous devons y participer. Mais nous devons fixer des directives claires sur les conditions de travail des ressortissants des nouveaux pays membres. C.B.: Les nouveaux pays adhérents sont pauvres,ont un taux de chômage élevé et un niveau de salaire bas. L'adhésion leur permettra de connaître une croissance économique. Nous en profiterons également.Le grand problème reste la libre circulation des personnes. C 'est un changement majeur. Nous ne connaissons pas encore le régime de libre circulation avec les pays de l 'actuelle UE, il n 'est donc pas question de l 'étendre aux nouveaux pays. Ce dont nous avons besoin, ce sont des contrats de courte durée pour des ressortissants de ces pays. Vous reconnaissez que l 'éco- nomie suisse profitera de l 'élargissement.La Suisse doit-elle payer pour cela? C.B.: Pour quelle raison? La Suisse profite aussi de l 'économie américaine,mais que lui donne-t-elle en guise de contre-prestation? Rien! Nous profitons également du marché chinois et personne n 'aurait l 'idée de proposer de participer à un fonds de cohésion en faveur de la Chine ou de réclamer la libre circulation des personnes avec la Chine. Les nouveaux pays membres profiteront aussi de l 'ouverture du marché suisse. F.S.: Le problème est que nous n 'ouvrons pas complètement notre marché, en tout cas pas pour les produits agricoles, qui sont très importants pour des pays tels que la Pologne. En d 'autres termes, nous recevons des marchés ouverts en Europe de l 'Est mais gardons le nôtre en partie cloisonné. Pour cette raison, je suis d 'avis que nous devons être prêts à discuter d 'une éventuelle participation à un fonds d 'infrastructures en faveur de l 'Europe de l 'Est.