Christoph Blocher: «J’ai l’habitude du compromis

Le nouveau conseiller fédéral UDC assure pouvoir collaborer avec ses pairs.

Interview dans « 24 heures » du 11 décembre 2003

Propos recueillis par Marc Bretton et Claude Ansermoz

24 heures: Quelle est la première chose que vous allez faire en arrivant dans votre département? Accrocher un tableau de Anker au mur, faire un audit ou licencier de hauts fonctionnaires?
Christoph Blocher:
Rien de tout cela. J’ai pour habitude de travailler avec les gens et les meubles qui sont en place. Au début en tout cas. Quant au Anker, j’en amènerai peut-être un depuis ma maison si je trouve que les tableaux de mon futur bureau ne sont pas à mon goût.

Vous dites être converti à la concordance. Sera-t-elle possible quand on sait que les programmes de l’UDC et du PS s’opposent frontalement?
Blocher: La définition de la concordance, pour moi, c’est justement la possibilité pour quatre partis aux idées divergentes de travailler ensemble. L’UDC a prouvé son attachement à cette concordance en participant à la réélection brillante de Moritz Leuenberger et de Micheline Calmy-Rey. C’est le droit des socialistes de disposer de deux sièges au Conseil fédéral, nous avons d’ailleurs voté pour eux. Il est plus facile de faire des compromis avec des gens qui ont une position forte qu’avec des gens qui n’ont pas d’opinion. Dans mon entreprise, je négocie avec des syndicats qui ne partagent pas ma vision des choses. Et puis, je suis marié. J’ai donc l’habitude du compromis.

Si vous êtes élu au Département de justice et police, réaliserez-vous votre idée de créer des camps pour les requérants déboutés?
Blocher: Naturellement. Dans l’asile, il y a des abus qui sont à l’origine de grands problèmes d’insécurité. C’est une réalité qu’il faut changer. Je suis élu au Conseil fédéral pour y apporter mes idées et mes solutions. C’est une des raisons de mon élection.

Le Conseil fédéral prône la libre circulation avec les pays de l’Est. Allez-vous tenter de vous y opposer?

Blocher: Je constate surtout que le Conseil fédéral a mis de l’eau dans son vin en introduisant des paliers et des délais à cette libre circulation. Nos positions ne sont donc plus si éloignées.

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